En cette fin d’année 2019, il est temps de revenir sur les faits marquants du continuum Défense et Sécurité. La Menace a-t-elle diminué ? Pas vraiment ! Les chrétiens ont été encore les cibles privilégiées de commandos islamistes, mais ils n’ont pas été les seuls…

Recueil non exhaustif :

En Afghanistan, les attentats menés par les Talibans ou par d’autres islamistes continuent de ravager le pays et il ne se passe quasiment pas une semaine sans une explosion de voiture piégée, une attaque kamikaze (par des enfants parfois) ou l’attaque d’un groupe d’hommes armés. Au cours de l’année 2019, il y aura eu au moins 785 morts et plus de 1700 blessés dans 49 attentats ! La plupart de ces victimes ont été des femmes et des enfants, des soldats, des policiers et des agents de sécurité privés. Il est clair que ce ne sont pas les Occidentaux qui pourront mettre fin à ce carnage…

En Syrie, la situation est redevenue calme, à l’exception de deux zones très localisées : Idleb où des djihadistes de l’Etat Islamique (EI) et d’Al Qaeda se sont retranchés depuis plusieurs mois, utilisant des populations civiles comme boucliers humains face aux troupes du régime syrien et de leurs alliés russes et iraniens. Le bastion des islamistes est en train d’être réduit définitivement à l’aide de bombardements intensifs et d’une avancée des troupes au sol. Autre zone soumise à tensions : la région de Rojava, le long de la frontière avec la Turquie, qui est un bastion kurde que les Turcs ont récemment envahi…Il s’ensuit des attentats à la voiture piégée visant les soldats turcs.

Nigeria : Le 14 janvier 2019, des membres de Boko Haram fidèles à l’organisation d'al-Baghdadi ont attaqué le village de Rann dans l’État de Borno. Les assaillants ont envahi la ville, en ont pris le contrôle et ont mis le feu à de nombreux bâtiments: 14 personnes ont été tuées et plusieurs autres ont été blessées lors de l’attaque. Le 28 janvier, 60 personnes ont été tuées lorsque Boko Haram a de nouveau attaqué le village de Rann, les islamistes ayant déclenché un incendie meurtrier de masse. Le 27 juillet 2019, à Nganzai dans le nord-est du pays, une attaque de Boko Haram sur un convoi funéraire fait au moins 65 morts et 10 blessés…. Le groupe État islamique en l'Afrique de l'Ouest (faction dissidente du groupe terroriste Boko Haram) a exécuté 11 otages le 25 décembre 2019 au Nigeria, dont 7 chrétiens et 3 musulmans. Les 11 victimes apparaissent dans une vidéo (capture photo des assassins en couverture) publiée par le groupe terroriste «État islamique en l'Afrique de l'Ouest» (Acronyme anglais: ISWAP). Selon le site d'information Salkida, ISWAP a donné 2 raisons à ces exécutions : la vengeance pour la mort de 2 de leurs dirigeants (Abubakr al Baghdadi en Irak et Abul-Hasan Al Muhajir en Syrie) ; le refus du gouvernement nigérian d'accepter un échange de prisonniers (les captifs en échange de membres de Boko Haram détenus par le gouvernement). Le groupe État islamique en l'Afrique de l'Ouest regroupe, selon l'ONU, 1500 à 3500 djihadistes. Ils sont sous la direction d'Abou Musab al-Barnawi, nommé directement par EI en opposition à Abubakr Shekau, chef de Boko Haram depuis 2009.

Burkina Faso : Ce pays a été meurtri par des attentats sanglants tout au long de l’année 2019. Le 1er décembre, des hommes armés ont pris d'assaut une église protestante dans la ville de Hantoukoura, près de la frontière avec le Niger. Ils ont tué le pasteur Tchintchiéba Ouoba et 13 autres fidèles, dont 5 adolescents. Les assaillants se sont enfuis sur des motos et scooters. Personne n'a encore revendiqué l'attentat, mais on suppose qu'il est le fait de l'un des nombreux groupes extrémistes islamiques actifs dans le pays. Cette dernière attaque porte à au moins 41 le nombre de chrétiens tués dans 9 attaques djihadistes signalées depuis le début de l'année. Un nombre inconnu de pasteurs et leurs familles ont été enlevés. L'insécurité qui s'aggrave depuis 2014 et qui était principalement concentrée dans le Nord du pays, s'est propagée plus à l'Est ces derniers mois. Ces attaques remettent en question la coexistence religieuse pacifique entre la majorité musulmane et la minorité chrétienne du pays. Celle-ci représente environ 25 % de la population. Elle a conduit à une crise humanitaire sans précédent.

Somalie : Encore une année sanglante en Somalie, où sévissent les Shebabs (terroristes salafistes alliés à Al Qaeda), et par voie de conséquence au Kenya voisin où les groupes islamistes armés mènent régulièrement des attaques contre les touristes ou les écoles. Le 15 janvier, un attentat contre le complexe hôtelier DusitD2 à Nairobi (Kenya) fait 21 morts, le 29 janvier un attentat à la voiture piégée à Mogadiscio fait 2 morts et 5 blessés, le 4 février un attentat à la voiture piégée sur un marché de Mogadiscio fait au moins 9 morts et plusieurs blessés, le 28 février un attentat à la voiture piégée suivi d'affrontements à l'arme automatique fait 19 morts et une soixantaine de blessés à Mogadiscio, le 7 mars un attentat à la voiture piégée à Mogadiscio fait 4 morts et 9 blessés, le 23 mars un commando armé tue onze personnes dans les Ministères somaliens des Travaux publics et du Travail, dont le vice-ministre du Travail et des Affaires sociales, le 8 juillet à Mogadiscio des Shebabs ouvrent le feu près d'un poste de contrôle tuant 5 personnes ;  le 12 juillet, 4 hommes armés ont pris d’assaut l’hôtel Asasey de Kismaayo, après un attentat suicide à la voiture piégée, et ont assiégé le bâtiment pendant douze heures. Au moins 26 personnes ont été tuées et plus de 50 ont été blessées : 2 journalistes et plusieurs étrangers sont morts, etc. jusqu’au soir du 28 décembre où l’explosion d’un véhicule piégé a fait au moins 81 morts et une centaine de blessés dans la capitale somalienne. Il semble que les États-Unis aient décidé d’agir puisque, dimanche 29 décembre, les avions américains ont frappé des positions des Shebabs neutralisant un certain nombre de responsables terroristes.

Europe : L’année 2018 avait été sanglante, particulièrement en France, où avaient été dénombrés plusieurs attentats menés par des islamistes. 2019 a été plus calme, grâce notamment à l’efficacité des Polices européennes qui travaillent en liaison étroite sur ces sujets. Mais la Menace est toujours là, grâce à des quartiers entiers de sympathisants…

Piraterie : Après quelques années de répit, il semble que la piraterie maritime revienne sur le devant de la scène des menaces. Des pirates ont attaqué dans la nuit de samedi à dimanche 22 décembre quatre navires en rade de Libreville tuant un commandant de bord gabonais et enlevant quatre employés chinois. Le Golfe de Guinée est devenu le nouvel épicentre de ce type d’attaques, pillages de navires et kidnappings contre rançons, supplantant sur ce plan le Golfe d’Aden d’après le Bureau maritime international (BMI). Selon le BMI, sur les neuf premiers mois de l’année 2019, le golfe de Guinée a concentré 82 % des enlèvements d’équipages dans le monde. Mais la piraterie maritime est aussi en forte hausse dans les détroits de Malacca et de Singapour où les actes et tentatives de piraterie sont passés de 8 en 2018 à 30 en 2019…C'est le chiffre le plus élevé depuis 2015.

Voila un aperçu des grands foyers de menaces en 2019, foyers qui peuvent devenir des sanctuaires pour entrainer des terroristes à projeter ailleurs. Subsistent beaucoup d’autres zones pouvant s’enflammer ou se dégrader: l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Liban, pour n’en citer que quelques unes.

Que cela ne nous empêche pas de vous souhaiter une Excellente Année 2020 !