Visite à l’usine d’Arquus de Saint-Nazaire après les usines de Limoges, de Garchizy, et de Marolles en Hurepoix.

2021 : année de la transformation industrielle d’Arquus

Emmanuel Levacher, Président d’Arquus, nous expliquait en mars dernier que l’année 2021 serait une année de rebond pour Arquus  mais aussi l’année de la transformation industrielle du groupe qu’il préside :

« Il s’agit de la spécialisation de nos quatre sites industriels dans un souci de rationalisation de la production et dans une dynamique d’amélioration continue :

•  Marolles va devenir centre d’excellence de la militarisation moteurs, de la fabrication et de la réparation d’organes mécaniques.

• Garchizy va devenir centre d’excellence de production des cabines blindées et de distribution des pièces de rechange.

• Limoges devient centre d’excellence de production de véhicules neufs ; 8 millions d’euros vont y être investis pour la construction d’un nouveau centre logistique et de nouveaux bureaux.

• Saint-Nazaire va devenir notre centre d’excellence de la maintenance opérationnelle terrestre ; 2.5 millions d’euros vont y être investis pour la prise en charge de toutes les gammes de véhicules soutenus par Arquus. »

L’usine ACMAT de Saint-Nazaire

L’usine de Saint-Nazaire se confond avec l’histoire de la famille Legueu. En 1948 René Legueu, concessionnaire Matford à Meaux, se reconvertit dans la conception de véhicules tout-terrain et crée « les Ateliers Legueu Meaux » (ALM). ALM qui transforme d’abord des camions Panhard, puis construit un premier camion spécifique à la marque en 1954, le TH4 qui servira entre autres les sociétés d’exploitation pétrolières au Sahara. Spécialisé dans les camions destinés aux départements d’outre-mer, la production chute brutalement après la décolonisation et ALM doit déposer le bilan. Après le décès de son père et l'expropriation des locaux de Meaux, Paul Legueu déménage l’entreprise à St Nazaire, route du Point du Jour, et crée les Ateliers de Construction Mécanique de l’Atlantique (ACMAT) en 1966.

Avec énergie et détermination, Paul Legueu s’inspire des modèles de camions fabriqués par son père, réduit la gamme et s’oriente vers le marché militaire d’exportation. Il transforme les VCOM (véhicules de combats d’outre-mer) en VLRA (véhicules de liaison de reconnaissance et d’appui) qu’il adapte aux besoins des jeunes armées issues de l’indépendance. Le VLRA obéit à des principes de robustesse, de simplicité de maintenance, de modularité et de continuité. Malheureusement, Paul Legueu disparaît brutalement en 1998 en laissant derrière lui un manque cruel de management, comme souvent dans les PME. Il s’en suit une période de grand risque pour l’entreprise…

De l’ACMAT à ARQUUS

Le 16 mai 2006, ACMAT devient une filiale à 100% du groupe Renault Trucks Defense (RTD). Deux nouveaux axes sont définis. D’une part, l’adaptation à la norme Euro 4 qui implique l’abandon des moteurs Perkins et le renouvellement de la gamme. D’autre part, la conception de l’ALTV (Acmat light tactical Vehicle) pour répondre au besoin d’un véhicule de même qualité que le VLRA mais plus petit. Ainsi la gamme s’élargit vers le bas.

Le nouveau VLRA, le Bastion, est lancé en 2008 et l’ALTV en 2009. L’ALTV, véhicule multirôle à haute mobilité tactique constitue le premier pick-up militaire fabriqué en France. En 2014, déjà 20 pays en ont commandé et le 1000e exemplaire est commercialisé dès la fin 2014. Le Bastion connaît aussi dès les années 2010 un fort développement, en particulier en Afrique francophone : en 2020 le 500ème Bastion a été produit.

En 2013, ACMAT est intégré à RTD qui devient ARQUUS en 2018.

En 2020 commence la transformation de l’usine de Saint-Nazaire en Centre d’excellence de la maintenance opérationnelle des véhicules de la gamme Arquus.

Saint-Nazaire : centre d’excellence de la maintenance opérationnelle

410 personnels sont engagés, sur le site de 18000 m², dans la maintenance de l’ensemble de la gamme Arquus, ce qui représente environ 80% du parc de véhicules terrestres de l’armée française.

6.7 millions d’euros y seront investis à l’issue des 3 ans de transformation des locaux, nécessitée par le changement de cœur de métier : passer de la fabrication de deux modèles à la réparation de tous les modèles du groupe :

• actuels : TRM 2000, PVP, VLRA1, VBL, VBL U, GBC 180, VAB, VT4.

• futurs : Griffon, VBCI, PLFS et VLFS.

Ces investissements permettront de doubler le nombre d’heures travaillées à l’année en 3 ans : 61.300h en 2019, 87.000h en 2020, 105.000h en 2021 ; prévision 2022 > 120.000h.

Pour y parvenir, Arquus s’est inspiré du mode de management de production de sa maison mère, le groupe Volvo, à savoir le VPS (Volvo Production System), autrement appelé Lean Management.

Le VPS s’appuie sur un engagement fort de l’encadrement et sur le management de la performance, le développement des personnes et l’épanouissement professionnel des collaborateurs, la structuration de l’amélioration, des pratiques de lean management (gestion allégée) et la synchronisation des métiers.

Le résultat :

• Une meilleure qualité avec un coût et délai court.

• Produire et livrer uniquement le besoin.

• Créer un environnement dans laquelle la production s’arrête quand des problèmes sont détectés.

• N’importe quel opérateur peut arrêter la ligne quand un problème est détecté.

• L’amélioration continue et les standards de travail permettent l’élimination des gaspillages.

Le but est avant tout de rechercher la satisfaction du client et d’améliorer la flexibilité des ateliers de fabrication : productivité et qualité alliées à la réactivité industrielle, afin de fournir au client ce qu’il veut, quand il veut.

Les clients DGA, SIMMT et SMITer d’Arquus devraient apprécier cette montée en puissance et en qualité du centre de Saint-Nazaire.

En tout cas, le CEMAT a semblé l’apprécier lors de sa visite sur place le 29 septembre 2021…

https://www.arquus-defense.com

Crédits photos : Arquus, SDBR News