Bangladesh : le nettoyage ethnique a-t-il commencé ?
La communauté internationale (politiques et médias confondus) a l’art de se choisir les sujets d’émoi qui lui conviennent et de passer sous silence ceux qui ne lui correspondent pas.
Deux exemples récents parmi d’autres :
L’épuration ethnique des chrétiens arméniens du Haut-Karabagh, par l’Azerbaïdjan musulman (septembre 2023), aurait dû être farouchement combattue par l’ONU et par l’Europe, en mettant l’Azerbaïdjan au banc des Nations, comme ces organisations ont si bien su le faire avec la Russie… Au lieu de quoi, le Grand Prix de Formule 1 s’est tenu le 15 septembre 2024, à Bakou (capitale de l’Azerbaïdjan), en toute indécence vis-à-vis de la population arménienne martyrisée. Sans doute pour donner un diplôme de respectabilité au gouvernement azerbaïdjanais…
Au Nigeria, on ne compte plus les chrétiens assassinés par milliers depuis des années et leurs églises incendiées, la plupart du temps par le groupe islamiste Boko Haram et d’autres groupes djihadistes pas réellement combattus par le gouvernement central. En 2023, 5014 chrétiens ont été massacrés au Nigéria (soit 89% des chrétiens tués à travers le monde), sans que cela provoque une quelconque réaction internationale…
Alors se pose la question : la communauté internationale va-t-elle au moins s’émouvoir, sinon réagir, sur ce qui se passe sous nos yeux au Bangladesh ?
Photo d’introduction: 2 policiers tués et pendus par les pieds sous un pont à Ashuliya (Bangladesh)
Le Bangladesh
Résumé : de la naissance du Bangladesh à la situation de 2024
Né de la partition des Indes de 1947*, le Pakistan Oriental est situé à l'Est sur le golfe du Bengale. Le pouvoir y est alors détenu par le Pakistan Occidental, distant de près de 1600 kilomètres, ce qui ne satisfait pas la population local. En 1970, la « Ligue indépendantiste Awami » remporte les élections au Pakistan Oriental. Cependant Islamabad, la capitale du Pakistan, ne reconnaît pas cette victoire.
La même année, un impressionnant cyclone frappe le territoire, causant près de 500.000 décès au Bangladesh. L'aide du Pakistan Occidental tarde et est insuffisante. C'est la goutte qui fait déborder le vase. L'année suivante, le 26 mars 1971, le premier ministre Sheikh Mujibur Rahman décrète l'indépendance du Pakistan Oriental, qui devient le Bangladesh. En réponse, le Pakistan le fait arrêter et emprisonner. Une guerre civile sanglante éclate, faisant plus de trois millions de morts en six mois…
Le Bangladesh naissant fonde alors sa démocratie parlementaire sur quatre principes essentiels : le nationalisme, la démocratie, le socialisme et le sécularisme. Pour éviter les conflits internes, le pays se veut alors laïc, c'est à dire que la neutralité de l'État à l'égard de toutes les religions l'emporte, même si la population est à majorité musulmane : 91% de musulmans sunnites et 8% d’hindous.
La situation change en 1988. L'islam est alors reconnu comme religion officielle par la Constitution du Bangladesh.
Depuis 2016, la présence des groupes armés État islamique (EI) et Al-Qaïda est devenue manifeste au Bangladesh et meurtres et enlèvements de membres des minorités religieuses se multiplieront au fil des années.
Il convient de souligner que le Bangladesh est une porte d'entrée vers l'Inde, pour la prendre en tenaille avec le Pakistan à l’Ouest, et qu’à cet égard il constitue un point de mire pour les groupes fondamentalistes et les groupes armés : le Bangladesh est donc devenu un lieu géostratégique pour l’Islam radical (voir ci-dessous l’annexe sur les groupes opérant à partir du Pakistan).
15 ans d’espoir et puis le chaos**
Fille aînée de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh, Sheikh Hasina, surnommée « la Dame de fer du Bangladesh », était au pouvoir depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 2001. Sous sa direction, ce pays de 170 millions d’habitants, auparavant l’un des plus pauvres au monde, a bénéficié d’un net essor économique grâce notamment au développement de son industrie textile : le Bangladesh a enregistré une croissance annuelle de plus de 6 % en moyenne depuis 2009 et avait dépassé l’Inde en revenu par habitant en 2021. La communauté internationale avait même salué l’ouverture du pays en 2017 à des centaines de milliers de réfugiés Rohingyas musulmans fuyant des massacres en Birmanie voisine.
Pour un nouveau mandat fin 2023, Sheikh Hasina promettait de « transformer l’ensemble du Bangladesh en un pays développé et prospère ». C’était sans compter les 18 millions de jeunes bangladais, toujours sans emploi, faciles à manipuler pour des groupes organisés. Lorsque le 5 juin 2024, 5 mois après de début de son nouveau mandat, une poignée d’étudiants a lancé un appel à manifester contre l’instauration de quotas dans les concours d’entrée dans l’administration, ils ont déclenché un mouvement d’ampleur : manifestations quotidiennes, répression des forces de l’ordre, violences des manifestants, répression violente et nombreuses victimes (409 ?). Jusqu’au départ précipité le 05 août de Sheikh Hasina dans un hélicoptère de l’armée et à l’envahissement du Palais gouvernemental par des milliers de manifestants.
Lorsque le chaos s’installe dans un pays, quel qu’il soit, des groupes organisés peuvent souvent agir avec des visées personnelles. C’est ce qui s’est passé au Bangladesh en août 2024…
L'évasion de prison, stratagème pour orchestrer des attaques contre les hindous
Avant la formation du gouvernement intérimaire, les forces fondamentalistes du Bangladesh soutenues par le Jamaat-e-Islami voulaient éliminer les hindous. Une conspiration profondément enracinée a donc été fomentée pour attaquer diverses prisons et libérer des militants islamistes et des criminels incarcérés. Tout laisse penser que des cadres entraînés de l'agence d'espionnage pakistanaise ISI, en collaboration avec les forces étudiantes fondamentalistes, ont fomenté la conspiration. Ils se sont mêlés à d'autres étudiants, ont attaqué les prisons et ont libéré les criminels. La véritable raison de l'attaque contre diverses prisons, notamment dans le district de Narsingdi, était de sauver les militants du Jamaat ul Mujahideen Bangladesh (JMB), Harkatul Jihad al Islami (HuJI) et d’autres...
Après le départ de Sheikh Hasina et avant que le président du Bangladesh Mohammad Shahabuddin n'ordonne la libération des prisonniers, les conspirateurs voulaient libérer leurs compatriotes : diverses prisons, dont Narsingdi, Sherpur et Satkhira, ont donc été attaquées. Après ces évasions, les attaques contre les hindous ont également augmenté de façon importante. Le personnel de police lui-même a été touché par la violence des fondamentalistes. Il semble également que l'armée n'ait pris aucune mesure pour empêcher l'attaque des prisons, malgré des informations fournies par les dirigeants de la Ligue Awami (le parti du Président), ce qui laisse planer un doute sur l’infiltration dans l’armée de sentiments pro-pakistanais.
Le rôle du Pakistan ?
Le Pakistan a probablement essayé de venger la défaite de la guerre de Libération du Bangladesh de 1971, en utilisant le mouvement étudiant anti-quotas. Avec le soutien financier d'autres pays, l'agence d'espionnage pakistanaise ISI a certainement planifié l'attaque contre le Pouvoir, avec une intention spécifique : établir un régime islamique et propager l'idéologie fondamentaliste.
Le Jamaat et ses responsables contrôlent le mouvement étudiant, c'est pourquoi ce mouvement est rapidement devenu aussi violent. Il est prouvé aujourd'hui que Sheikh Hasina n'a pas reçu le soutien total de la police et de l'armée pour résister au mouvement contestataire.
Les forces de l’ordre infiltrées ?
On apprend par des observateurs que beaucoup de ceux qui avaient la responsabilité de maintenir l'ordre public ont rendu la situation plus difficile par des provocations : une section de la police porterait d’ailleurs des taches de sang pour le meurtre de certains de ses collègues.
Les forces entraînées du Jamaat et de l'ISI voulaient attaquer les forces de police. Ils sont donc entrés dans un commissariat, avec l'aide de militants, et ont tué des policiers. Les bâtiments de la police ont également été incendiés. Il aurait été impossible pour des étudiants pacifistes de commettre un acte aussi odieux. Il faut des forces qualifiées pour commettre ce type d'atrocités.
Des prisonniers dangereux injectés dans la révolte étudiante
Le 23 juillet 2024, 826 prisonniers (dont neuf militants endurcis) ont été arrachés à la prison du district de Narsingdi, 85 armes à feu et 8000 balles ont été pillées dans l'arsenal de la prison. Tous les documents ont également été brûlés. La prison de Narsingdi n'avait aucun lien avec le mouvement étudiant. L'attaque a été menée uniquement pour sauver les militants islamistes emprisonnés. Après avoir été libérés de prison, ces terroristes ont participé au carnage dans le pays. Des hindous ont été attaqués avec des armes saisies en prison. Les terroristes voulaient brûler tous les documents historiques de l'indépendance. Le surintendant de la prison Abdul Kalam Azad et le geôlier Kamrul Islam ont été temporairement suspendus de leur poste, mais ils vont à nouveau se voir confier de plus grandes responsabilités par le gouvernement pro-Jamaat.
Libérer les fondamentalistes emprisonnés faisait partie du plan de révolte
De la même manière, les fondamentalistes ont attaqué la prison de Satkhira. Après la soirée, toutes les lumières de la prison ont été éteintes et des militants emprisonnés ont également été libérés. Le surintendant de la police de Satkhira, Matiur Rahman Siddique, a déclaré que « les malfaiteurs ont attaqué la prison, ont fait sortir des accusés et ont incendié différentes parties du district : le commissariat de police de Satkhira Sadar, la résidence du surintendant de police, le Parlement des combattants de la liberté du district et de nombreux autres endroits. Des incendies criminels et des attaques se poursuivent dans différentes zones du district. Mais le véritable objectif des fondamentalistes masqués était de faire sortir les militants de prison et de plonger le pays dans l'anarchie ».
A Sherpur, la prison a été attaquée pendant la journée. Le Jamaat et ses sympathisants ont défilé dans la ville, avec des bâtons et des armes de fabrication locale pour neutraliser la police, et ont attaqué la prison, y ont mis le feu et ont aidé plus de 500 prisonniers à s'échapper de la prison. Ils ont incendié le commissariat de police de Sherpur Sadar vers 13 heures. À ce moment-là, la police a été obligée de s'enfuir. Ils ont profité de cette occasion pour faire sortir les militants.
Il y a également eu plusieurs tentatives de libération de prisonniers de la prison de Kashimpur à Gazipur, dans laquelle sont incarcérés plusieurs militants notoires. L'armée était chargée de surveiller la prison. Pour autant, la prison a été attaquée à plusieurs reprises et plusieurs militants ont réussi à s'échapper. Des dizaines de militants se seraient également évadés d'autres prisons. Ce sont eux qui ont créé des troubles dans tout le pays et semblent être les cerveaux des attaques contre les commissariats de police. De nombreux policiers ont été tués à l'intérieur des commissariats.
Seuls des militants entraînés peuvent exécuter des meurtres aussi odieux.
L’Armée a certainement soutenu le mouvement
Avant la formation du gouvernement intérimaire, les dirigeants militaires ont officiellement libéré au moins 2.200 prisonniers. Cette liste comprend de nombreux militants radicaux et leurs partisans. Il existerait de fait une conspiration plus profonde derrière l'attaque des prisons.
Les militaires ne voulaient pas libérer officiellement des prisonniers notoirement identifiés au plan international pour sauvegarder leur image aux yeux du monde : les conspirateurs ont donc montré la voie à leur libération sous prétexte de l'attaque des prisons.
Créer une atmosphère de terreur dans tout le pays était aussi planifiée : l’idée était de tromper les masses afin que le stratagème de libération des militants islamistes, avant la formation du gouvernement intérimaire, ne puisse pas être révélé. Cela s’appelle « noyer le poisson »…
Quel était l’objectif réel des fondamentalistes islamistes ?
De nombreux prisonniers qui se sont évadés de la prison sont revenus volontairement. Mais les militants radicaux se sont eux mêlés à la foule des étudiants et ont été les principaux artisans à l’origine des troubles les plus violents. Leur objectif ne se limitait pas au départ de Sheikh Hasina ou à la formation d'un gouvernement dirigé par le Dr Yunus. Les forces fondamentalistes, dirigées par le Jamaat, veulent établir un régime islamique au Bangladesh.
C'est pourquoi toutes les sculptures ont déjà été détruites. Des tentatives ont également été faites pour forcer les hindous à quitter le pays***. Il existe de très nombreuses photos des exactions commises contre des ministres, contre la Police, contre des responsables de l’Administration et de la Ligue Awami, etc. : meurtres, viols de femmes hindous, maisons vandalisées, temples, voitures et maisons incendiées, etc. tout cela devant une foule enthousiaste…
Bien sûr les attaques contre les minorités sont « réprimées » au nom de la propagande, afin que l'aide étrangère ne soit pas interrompue. Les minorités sont cependant priées de ne pas signaler les attaques qu’elles subissent, pour ne pas attirer l’attention des Occidentaux.
La persécution des hindous a commencé
Il existe des preuves irréfutables des atrocités commises par les fondamentalistes islamistes contre la minorité hindoue, pour l’obliger à fuir… Ces atrocités sont le moyen déjà utilisé ailleurs (en France, en Israël, etc.) pour frapper de sidération les esprits et amorcer un nettoyage ethnique. Nous disposons de photos épouvantables, mais nous en avons sélectionné deux déjà publiées ailleurs dans le monde. (Voir ci-joint). Des gens ont été tués et jetés dans des lacs : comme Rahmuna Sara, rédactrice en chef à Gazi TV (chaîne d'information laïque), dont le corps a été retrouvé dans le lac Hatirjheel, dans la ville de Dhaka.
Il faut noter qu’Al Jazeera a condamné la couverture médiatique des violences contre les hindous au Bangladesh comme étant «islamophobe» et que l’AFP semble plus préoccupée par la « désinformation» sur l’ampleur des violences que par les violences elles-mêmes.
Mais, dans l'ensemble, une anarchie fondamentaliste règne aujourd’hui au Bangladesh.
Les militants islamistes, dont la libération a été orchestrée depuis les prisons, accompagnés de leurs partisans et de leurs associés****, pillent allègrement la déclaration des Droits de l'Homme.
Tout cela ne vous rappelle t’il pas l’arrivée des Talibans à Kaboul en août 2021 ?
*Source https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse/2405 Université de Sherbrooke, Québec.
** Source Le Parisien.fr
*** source : https://www.thefp.com/p/anti-hindu-violence-in-bangladesh
****Source India Today:
Annexe : Rapport de l’observatoire national du Congrès chilien (18/12/2008)*
Les groupes islamistes installés au Pakistan
Il existe une liste des principaux groupes terroristes qui ont choisi le Pakistan comme lieu idéal pour planifier, préparer leurs opérations et entraîner leurs cadres militaires. On sait que onze groupes distincts de ce type ne s'intéressent qu'à commettre des violences au Pakistan, car leurs objectifs sont purement nationaux. Trente-deux groupes utilisent le Pakistan comme tremplin pour des opérations internationales visant des cibles en Inde, au Moyen-Orient ou en Occident. De plus, il existe quatre groupes extrémistes difficiles à classer. Ils sont imprévisibles et manquent d'idéologie intelligible.
Tous les groupes sont musulmans, il est donc facile de se cacher dans l'immense population du Pakistan : plus de 236 millions d'habitants – 96% de musulmans, 1.8% d’hindous, 1.6% de chrétiens.
Les 47 groupes énumérés ci-dessous ont été identifiés, leurs membres aussi, et sont facilement catégorisés. Cependant, il n'est pas possible de les traquer : certains ont des liens politiques avec les secteurs officiels du pays et d'autres ont des liens avec différentes sphères de la société. La plupart ont des organisations de façade situées dans chaque ville du Pakistan.
Deployment and national action organizations
1.- Lashkar-e-Omar
2.- Sipahe-Sahaba Pakistan
3.- Tehreek-Jaferia Pakistan
4.- Tehreek-e-Nafaz-e-Shariat-e-Mohammadi
5.- Lashkar-e-Jhangvi
6.- Sipah-e-Muhammad Pakistan
7.- Jamaat-ul-Fuqra
8.- Nadeem Commando
9.- Popular Front for Armed Resistance
10.- Muslim United Army
11.- Harkat-ul-Mujahideen Al-alami
International action organizations
1.-Hizb-ul-Mujahideen
2.-Harkat-ul-Ansar (AKA, Harkat-ul Mujahideen)
3.-Lashkar-e-Toiba
4.-Jaish-e-Mohammad Mujahideen E-Tanzeem
5.-Harkat-ul Mujahideen (formerly, Harkat-ul-Ansar)
6.-Al Badr
7.-Jamait-ul-Mujahideen
8.-Lashkar-e-Jabbar
9.-Harkat-ul-Jehad-al-Islami
10.-Muttahida Jehad Council
11.-Al Barq
12.-Tehrik-ul-Mujahideen
13.-Al Jehad
14.-Jammu & Kashir National Liberation Army
15.-People’s League
16.-Muslim Janbaz Force
17.-Kashmir Jehad Force
18.-Al Jehad Force (includes both Muslim Janbaz Force & Kashmir Jihad Force)
19.-Al Umar Mujahideen
20.-Mahaz-e-Azadi
21-Islami Jamaat-e-Tulba
22.-Jammu & Kashmir Students Liberation Front
23.-Ikhwan-ul-Mujahideen
24.-Islamic Students League
25.-Tehrik-e-Hurriat-e-Kashmir
26.-Tehrik-e-Nifaz-e-Fiqar Jafaria
27.-Al Mustafa Liberation Fighters
28.-Tehrik-e-Jehad-e-Islamin
29.-Muslim Mujahideen
30.-Al Mujahid Force
31.-Tehrik-e-Jehad
32.-Islami Inquilabi Mahaz
Extremists groups
1.- Al-Rashid Trust
2.- Al-Akhtar Trust
3.- Rabita Trust
4.-Ummah Tamir-e-Nau
*https://www.bcn.cl/observatorio/asiapacifico/noticias/india-pakistan-terrorism-problem