FIC 2023 : une édition record malgré le boycott de l’Etat français
Plateforme d'échanges et de rencontres, le FIC s'est progressivement imposé comme un événement de référence en Europe en matière de sécurité et de confiance numériques. Depuis l’origine, le FIC est une plateforme ouverte qui accueille chaque année l’ensemble de l’écosystème de la sécurité numérique et du numérique de confiance : société civile, clients finaux, chercheurs, offreurs de solutions et de services, forces de l’ordre, autorités civiles et militaires etc.
Le FIC est co-organisé depuis 2013 par la Gendarmerie Nationale et CEIS (groupe Avisa Partners) avec le soutien de la région Hauts-de-France.
Un FIC sur fond de polémique
Mais quelle mouche a donc piqué l’État français cette année pour avoir annoncé, seulement quelques jours avant ce grand événement de la cybersécurité, que ses personnels et ses agences n’y participeraient pas ?
Il n’y avait donc ni stand de l’Armée, ni stand de l’Intérieur, ni stand de l’ANSSI, ni stand du CEA, etc., leurs agents ayant en outre reçu une note leur déconseillant fermement de s’y rendre.
Une telle décision ne se prend qu’à un très haut niveau de l’État, bien évidemment…
Subsidiairement, c’est une “bonne” opération financière pour l’État, qui avait bien évidemment déjà réglé des sommes conséquentes aux organisateurs pour la réservation des stands ! Est-ce que cela ne devrait pas interpeller la Cour des Comptes ?
Lille, nid d’espions ?
A l’origine de cette fumeuse affaire, il y aurait une plainte de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) contre les activités d’Avisa Partners (maison mère du FIC) en Afrique noire francophone.
Voici ce qu’on pouvait lire dans L’Informaticien le 20 janvier 2020, à la veille du FIC 2020 :
« Le spécialiste du conseil en stratégie et en gestion des risques proche des milieux de la Défense en France (CEIS) est repris par Avisa Partners, un cabinet de conseil sur les affaires sensibles. Cette acquisition a pour but de créer un leader européen de l’Intelligence Economique et du cyber-risque. La fusion d’Avisa et de CEIS crée le deuxième acteur en France derrière l‘ADIT (Agence pour la Diffusion de l’Information Technologique). Pour Avisa c’est la quatrième acquisition en quelques mois. En plus des services d’intelligence économique et de lobbying d’Avisa, CEIS, qui organise le FIC (Forum Internationale de la Cybersécurité), apportera son savoir-faire dans le monde cyber dont des entraînements opérationnels et des opérations de renseignement aux secteurs de la Défense et de la Sécurité ».
Les gens initiés, à l’Intelligence Économique et autres services complémentaires, savent qu’il existe une dizaine d’acteurs qui comptent en France, certain exposant même sur le FIC 2023…
A-t-on voulu montrer que le monde de « l’Intelligence Économique » doit rester discret et ne pas apparaitre au premier plan d’un salon ? Mais CEIS, depuis des années, n’était-elle pas déjà dans cette catégorie ? Rappelons que CEIS veut dire « Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique »…
Pour la DGSE, Avisa Partners donnerait des conseils à des gouvernements d’Afrique francophone pouvant desservir les intérêts français : sous-entendu Avisa Partners parlerait aux Russes. Dans le monde des espions, il faut toujours se méfier des sous-entendus et des petites musiques soufflées à certains médias, lesquels ont montré dans le passé à qui servaient les polémiques qu’ils avaient déclenchées.
Est-ce une façon de détourner les regards de cette Afrique francophone où aujourd’hui on jette des pierres sur l’Armée française ? Ce n’est pas impossible.
Quoi qu’il en soit, en quoi était-ce une raison de priver le FIC 2023 de sa coloration régalienne pour le transformer en simple salon professionnel de la cybersécurité ? A tout prendre, les Assises de la Cybersécurité ont l’avantage de se dérouler chaque année au soleil de Monaco…
Qui veut la peau du FIC ?
« Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage » dit le proverbe.
Est-ce que toute cette affaire serait finalement une affaire « d’agit-prop », devant servir les intérêts de personnes qui veulent mettre la main sur le FIC ? C’est probable.
Il se murmure que certains voudraient faire sortir Avisa Partners de l’organisation du FIC.
Au profit de qui ?
Une autre société d’Intelligence Économique plus proche du pouvoir ? Un salon de la Sûreté et de la Sécurité en perte de vitesse ? Nous aurons la réponse si, d’ici fin 2023, l’actionnaire du FIC change…
Cette année, l’affluence au salon a ridiculisé l’absence de l’État français dans ses allées.
Mais attention danger ! Certains exposants se posent des questions et, dans une période de stagnation voire de décroissance du secteur, rien ne dit qu’il y aura encore 650 exposants en 2024.
Si c’était le cas, il faudrait peut-être demander des comptes à celui ou ceux qui ont décidé de boycotter le FIC 2023…
Les absents ont toujours tort
Malgré la proximité du week-end pascal, l’évènement a connu un grand succès avec environ 16.000 participants et 650 exposants qui ont témoigné du dynamisme de la filière.
Inauguré par le commissaire européen Thierry Breton, qui a réaffirmé la mobilisation européenne face à la menace cyber, le FIC conforte son statut de rendez-vous incontournable de la cybersécurité en Europe.
La présence de pavillons nationaux (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Suisse) et l’accueil d’une quinzaine de dirigeants d’agences de cybersécurité ou de cyberdéfense (Pologne, Roumanie, Espagne, Finlande, Estonie) ont illustré le souhait partagé d’accélérer la coopération européenne pour la construction de l’Europe de la cybersécurité.
Autre temps fort du FIC, la compétition de hacking éthique, l’EC2 (European Cyber Cup), qui a vu s’affronter 25 équipes, soit un total de 250 joueurs, autour de 6 challenges, durant les 2 jours de compétition. Parmi les équipes étudiantes et professionnelles : la Métropole de Lyon, CapGemini, Sopra Steria, Bouygues Telecom, OTERIA, Telecom SudParis, EPITA, le ministère des Affaires Étrangères, etc. A noter que c’est, comme l’année dernière, une équipe étudiante qui a gagné, l’ESNA de Bretagne.
Deux annonces pour l’avenir du FIC
Pour accélérer son essor international et s’élargir aux différents enjeux relatifs au cyberespace (identité numérique, régulation des contenus en ligne, web3…), le FIC affirme son ambition globale et dévoile sa nouvelle identité : Forum InCyber.
Deux rendez-vous internationaux sont d’ores et déjà programmés : Forum InCyber Amérique du Nord à Montréal (Québec) les 25 et 26 octobre 2023, et Forum InCyber Americas à San Antonio (Texas) en juin 2024.
Rendez-vous donc au Forum InCyber Europe 2024 à Lille les 26, 27 et 28 mars 2024
Crédits photos:FIC