Libye : vers un scénario syrien ?
Escalade militaire en Libye
Devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a dressé le tableau d’une Libye s’enfonçant dans la crise, avec une escalade militaire entre deux camps soutenus d’un côté par la Turquie, de l’autre par la Russie.
L’audition de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, par la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, a permis de faire le point sur l’aggravation de la crise libyenne.
« La Turquie importe des combattants syriens en Libye, en grand nombre, plusieurs milliers », en soutien du gouvernement d’union nationale, a précisé le ministre, et « la Russie également, en soutien du Maréchal Haftar ».
Jean-Yves Le Drian au Sénat : « Je n’ai pas peur des mots : nous sommes en face d’une « syrianisation » de la Libye ».
« On ne peut imaginer cette situation perdurer à 200 km des côtes européennes » a estimé le ministre, qui a craint des « manipulations » sur la question migratoire. « C’est une menace à la sécurité régionale et à celle de l’Europe ».
« Il n’y aura pas de solution militaire : il faut une solution politique » a-t-il poursuivi, insistant sur la nécessité de respecter le processus de la Conférence de Berlin, et en premier lieu le cessez-le-feu.
La vidéo de l’audition est consultable en ligne.
SDBR alerte depuis des années sur le risque d’une Turquie expansionniste et de son dirigeant Erdogan…
Extraits:
Le 22 Janvier 2019, notre éditorial dans la lettre SDBR était intitulé : « La fin du chantage turc à l’OTAN ? ». Voici ce que nous écrivions : « Lorsqu’au printemps 2018 les Occidentaux ont abandonné les Kurdes dans la région d’Afrin, les forces d’Erdogan, accompagnées des milices syriennes anti-Assad (soutenues par les Américains et les Français), ont nettoyé ce secteur historiquement peuplé de Kurdes. Les forces loyalistes de Bachar Al-Assad ont bien tenté d’envoyer des troupes aidées par l’aviation russe, mais les Américains ont alors stoppé cette progression de renfort vers Afrin, montrant explicitement qu’ils se situaient aux cotés des Turcs, leur allié dans l’OTAN ! Pourtant, les Kurdes avaient été bien utiles à la coalition formée par les Américains pour contenir « Daech » et son Etat Islamique, d’abord au nord de l’Irak autour de Mossul, ensuite en Syrie au nord de Raqqa. C’était début 2018. Depuis, la situation a un peu évolué et le masque des ambitions d’Erdogan est tombé, aux yeux des observateurs objectifs. Depuis des années, nous alertons sur le danger pour l’Europe et la Méditerranée constitué par l’hégémonisme turc et par le rêve panislamiste* d’Erdogan face à l’Occident divisé. Nous sommes proches d’un retour aux réalités et de la nécessaire sortie de la Turquie de l’OTAN…Les Américains ont, semble-t-il, évolué dans leur stratégie dans cette partie du Moyen-Orient, affirmant aux milices kurdes de Syrie (YPG) leur soutien, à condition de « ne pas provoquer la Turquie ». Les Américains appelle d’ailleurs à la création d'une «zone de sécurité» de 30 kilomètres pour mettre les zones kurdes à l’abri de l’armée turque qui, depuis début 2018, se prépare à réitérer dans la région située entre Afrin et Kobané le même processus que celui déployé à Afrin et alentours, à savoir un nettoyage ethnique des Kurdes…Comme Erdogan n’est guère impressionné par ses alliés de l’OTAN, qui parlent beaucoup et agissent peu (comme l’occupation du nord de Chypre depuis 1974 le démontre), il continue le déploiement de son opération « Rameau d’olivier » engagée en janvier 2018 (ce qui est loin d’être une aimable opération humanitaire, comme pourrait le laisser penser ce nom charmant, et démontre le cynisme du dictateur turc) ! »
Le Président Trump avait déjà tweeté le 13 janvier 2019 : «Nous dévasterons la Turquie économiquement si elle attaque les Kurdes». C’est aujourd’hui chose faite et ses fanfaronnades n’impressionnent plus personne, surtout pas les Turcs qui ont commencé à finir leur projet sanglant ! L’OTAN avait déjà eu une position néfaste à l’Europe, pour les mêmes raisons idéologiques, au moment de son intervention dans les Balkans dans les années 90. La Turquie n’a rien à faire dans l’OTAN, comme elle n’a rien à faire dans l’Europe. L’attitude des dirigeants européens d’aujourd’hui, face à la Turquie, sera jugée par l’Histoire, comme l’ont été Chamberlain et Daladier face à Hitler en 1938…AE
Aujourd’hui les Turcs s’implantent en Libye et seuls les Russes semblent s’y opposer.
Tout nous ramène à 1938…..
* https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-panislamisme-1-fondements-et-ideologie-1860-1909.html