L’armée de Terre et le GICAT ont organisé la première journée de la robotique aéroterrestre le 10 juin à Satory. Cette journée a été l’occasion de lancer le projet VULCAIN, fer de lance de l’ambition robotique de l’armée de Terre, évoquée dans la vision  stratégique du chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Thierry Burkhard qui deviendra CEMA le 21 juillet prochain.

Le projet VULCAIN

Le projet porte sur les systèmes automatisés du Futur et son ambition est d’identifier les futures ruptures opérationnelles que permettrait la tactique robotique tout en mettant en œuvre une démarche pour les maitriser.

Pour ce faire, le projet identifie les solutions techniques clefs et écarte les développements inefficaces ou ceux qui ne fourniraient pas d’avantage tactique suffisamment fort.

Le projet Vulcain vise à penser l'intégration des robots et de l'intelligence artificielle dans l'espace de bataille à l'horizon 2040, avec la création d'une première unité robotique expérimentale, la section Vulcain, qui prendra ses quartiers au Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine – CENZUB – au sein du 94e RI de Sissonne.

Démarche du projet Vulcain

Trois lignes d’opérations pour mener à bien la conduite du projet :

1. Conceptualiser : obtenir une vision sur l’emploi des robots et des unités robotisées

2. Explorer, construire et équiper : obtenir une vision technico-opérationnelle cohérente de la robotique terrestre.

3. Rayonner : fédérer les décideurs et les opérationnels pour appuyer la démarche Vulcain.

Pour ce faire, l’étude s’effectue dans le respect de plusieurs conditions :

• Le respect du cadre éthique de l’armée de Terre.

• En liaison étroite avec la DGA (Direction Générale de l’Armement).

• En liaison étroite avec l’Agence de l’Innovation de Défense (AID).

Parallèlement aux études une section robotique est créée, la section Vulcain :

• elle contribuera directement aux expérimentations de l’armée de Terre,

• elle appuiera à terme les différentes fonctions opérationnelles dans leur prise en compte des systèmes automatisés,

• elle expérimentera, sous la conduite du Battle-Lab Terre, différents emplois potentiels de robots et d’unités robotisées,

• elle évaluera les gains opérationnels et tactiques de la robotique et ses limites.

Trois jalons tactiques avec la mise en place :

• de la section expérimentale Vulcain en 2021,

• des unités pilotes à partir de 2025,

• des unités opérationnelles à l’horizon 2030.

La vision stratégique du CEMAT, Thierry Burkhard :

« Le projet Vulcain a pour finalité de robotiser l’armée de Terre à l’horizon 2040. Il doit identifier le potentiel de la robotique de combat, permettre les innovations tactiques et ne garder que les bonnes solutions.

La difficulté est de savoir jusqu'où on va arriver, mais on sera rapidement confronté à l'acceptabilité de ces systèmes auprès des militaires dont la sécurité dépendra de ces robots.

Chaque robot sera commandé car la France ne développera et n'emploiera pas de systèmes d'armes létaux pleinement autonomes (SALA)…

L’Homme prendra toujours la décision de tir, mais on doit réfléchir à ce qu'on pourrait opposer à d'éventuels SALA développés par nos ennemis potentiels.

Les robots vont faire partie intégrante de l'armée de demain, mais il ne s'agit pas non plus de tomber dans une techno-dépendance.

L’Homme sera toujours la valeur essentielle de l’armée de Terre…

Enfin, je veux insister sur l’urgence qu’il y a à débloquer des crédits de recherche et d’équipements pour qu’il ne soit pas trop tard lorsque la Menace sera là… Il est temps ! » Thierry Burkhard

Le GICAT force de proposition dans le domaine de la robotique

Le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT) a créé depuis un an un groupe de travail dédié à la robotique terrestre afin de prendre en compte la montée en puissance de l’armée de Terre sur ce sujet. L’idée est clairement de développer l’équipe industrielle France (solutions et évaluations technologiques) en regard des entités étatiques (conceptions et évaluations opérationnelles) afin d’aider l’armée de Terre à apprécier l’apport de la robotique et l’accompagner dans la définition du besoin.

17 entreprises spécialisées dans les robots et drones terrestres et aéroterrestres, dont des start-up,  exposaient des équipements susceptibles d’équiper l’armée de Terre et ont réalisé des démonstrations dynamiques le 10 juin à Satory.

Deux entreprises que nous ne connaissions pas nous ont intéressés : TECDRON et SHARK ROBOTICS.

TECDRON

La société Tecdron présentait le TC800, une plateforme polyvalente destinée à évoluer dans des environnements complexes, idéale pour intervenir dans des zones à risques.

Le TC800-DE est un robot de transport, de ravitaillement et d’observation.

Ses caractéristiques :

• Protéger le combattant en évitant l’exposition au tir ennemi et en allégeant la charge du paquetage.

• Le soutien en opération : porter jusqu’à 800kg de matériel, ouvrir des barrages, évacuer des blessés, pousser ou remorquer un véhicule.

• Détecter les menaces : observation à distance, renseignement terrain.

Doté de deux moteur électriques brushless et de chenilles il a des capacités en environnements déstructurés : pente jusqu’à 45° (sans charge) ; dévers:     jusqu’à 35° (sans charge).

https://www.tecdron.com/robot-tc800-de

SHARK ROBOTICS

Créée en 2016, Shark Robotics conçoit et fabrique, intégralement à La Rochelle, des robots haut de gamme conjuguant puissance, fiabilité et robustesse. Shark Robotics propose à la fois des robots dits catalogue et des robots sur-mesure répondant aux besoins spécifiques de ses clients. Elle intervient notamment dans les domaines de la sécurité, de la défense, de l’industrie, de l’énergie et du nucléaire.

Shark Robotics est devenue célèbre en équipant La Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris qui intervenait sur l’incendie de Notre Dame de Paris.

Shark Robotics présentait à Satory :

1. Le robot Barakuda, un robot mule de soutien polyvalent, capable de porter jusqu’à 500 kg de matériel, conçu pour l’évacuation de blessés, développé pour être aéro-largué, héliporté ou remorqué par un véhicule et capable d’évoluer sur tout type de terrain. Barakuda a une grande autonomie (jusqu’à 10 heures en situation opérationnelle) ; il est d’un déploiement rapide et de faible maintenance, et présente de nombreuses options : mâts repliables équipés de caméras, optronique thermique, jour/nuit…

2. Le robot Porte-Cible motorisé, qui a été développé grâce au retour d’expérience de la section technique de l’armée de Terre. Ce robot fait office de cible mobile pour l’entrainement au tir.

Depuis sa création, Shark Robotics a conçu plus de 15 robots et a livré 130 robots à ses clients.

https://www.shark-robotics.com/shark-robotics

https://www.gicat.com

Crédits photos: Minarm, Tecdron, Shark Robotics et Alain Establier