Interview de Julien Villecroze - DSI du Groupe Stelliant
/Cette interview a été réalisée sur « Ready For IT » qui s’est tenu à Monaco du 14 au 16 mai 2024
SDBR News : Pouvez-vous nous parler du groupe Stelliant dont vous êtes le DSI ?
Julien Villecroze : Stelliant est un des acteurs majeurs du service à l’assurance en France. Il s’agit d’une constellation qui rassemble des acteurs de ce marché de niche qui apportent des services aux assureurs et à leurs assurés, dans le domaine du dommage et de la responsabilité civile, mais aussi dans le domaine des risques de spécialités : fraude, ingénierie, levage, cyber-risque, etc. Nous parlons en amont de prestations d’audit et de conseil, en aval de réparations en nature (peintre, responsable de travaux, expert géotechnique, désamiantage, etc.) et d’un chapeau de la relation client et de la gestion déléguée.
SDBR News : Pourquoi Stelliant ?
Julien Villecroze : Après la crise du Covid, les assureurs ont décidé d’accélérer fortement la digitalisation des services. Nous nous sommes alors retrouvés face à la remise en cause d’un métier qui n’avait que peu changé depuis de nombreuses années, l’expertise d’assurance, par de nouveaux entrants sur le marché qui proposaient de digitaliser cette démarche, même s’ils n’avaient guère d’expertise du métier. Nous avons vu ainsi arriver des plateformes permettant de faire soi-même son expertise. Donc nous avons dû accélérer la digitalisation et augmenter la valeur de la chaine de risques, en rajoutant des services, pour pouvoir maintenir un avantage concurrentiel, mais aussi pour pouvoir répondre à des appels d’offres plus importants et continuer à nous développer. Stelliant regroupe aujourd’hui environ 3000 personnes en France sur quatre métiers.
SDBR News : Quel est votre périmètre de responsabilité chez Stelliant?
Julien Villecroze : Je suis DSI du groupe et, à ce titre, j’ai en charge le périmètre régalien des systèmes d’information : sécurité et maintien en condition opérationnelle (MCO). La DSI couvre aussi l’environnement collaborateurs, qui était délaissé avant le Covid, une partie des services généraux (la mobilité et la téléphonie) et une grosse partie de l’AMOA (assistance à maitrise d’ouvrage informatique), ce qui nous amène à être « business partner » sur les projets de digitalisation dans le groupe. Nous devons comprendre le métier pour le conseiller au mieux face à la multitude des solutions présentes sur le marché. Faire de la veille ne suffit plus, car l’utilisateur final a souvent déjà en tête une solution qu’il a vu chez un concurrent ou dont il a entendu parler dans un colloque. Pour ne pas être en retard sur les évolutions, la DSI doit travailler plus dans l’accompagnement des équipes, pour détecter en amont la nécessité de changement, et savoir gérer un projet dans sa globalité. La digitalisation appartient à tout le monde dans l’entreprise, mais la DSI doit être dans l’impulsion et l’innovation sur certains sujets.
SDBR News : Etes-vous aussi le RSSI du groupe Stelliant ?
Julien Villecroze : Non il existe un RSSI dans l’organisation Stelliant ; il est rattaché à la DSI.
SDBR News : Selon vous, y a t-il un DSI dans chaque ETI ?
Julien Villecroze : J’observe que les choses évoluent, lentement mais surement. Le DSI va devoir être plus dans une dimension stratégique et déléguer en dessous certaines responsabilités :
Par exemple, la responsabilité de la data, avec une direction data forte et une « data company » pour pouvoir créer de nouveaux produits autour de la data et les exploiter mieux.
Par exemple, plutôt qu’une direction Études, avoir une direction orientée business pour accompagner les différents métiers et participer aux mouvements de marché ou aux rachats de sociétés.
Par exemple, avoir une direction de la Production qui évolue vers un centre de Services partagés, pour faire face aux changements de paradigmes technologiques impulsés par le marché ou un actionnaire. C’est l’exemple de l’IA, qui va nous obliger à investir dans des solutions présentent sur le marché.
SDBR News : Êtes-vous en ce moment poussés à investir dans l’IA pour être à la mode?
Julien Villecroze : Oui, tous les jours… C’est le meilleur exemple pour expliquer que le DSI ne doit pas être seul dans l’entreprise, mais qu’il doit être épaulé par d’autres personnes de niveau suffisant dans l’organisation et savoir répartir les taches pour en faire un véritable projet d’entreprise, projet auquel tout le monde doit participer. L’IA va changer notre métier d’assureur, avec une logique d’automatisation dans la chaine des prestataires, ce qui obligera la DSI à garantir la rentabilité du nouveau paradigme. Le DSI ne doit pas refuser le sujet IA. Il doit au contraire l’embrasser, pour mieux pouvoir l’accompagner comme prescripteur et conseiller bienveillant. La gestion de l’information va évoluer grâce à l’IA et va redonner de la valeur à l’information opérationnelle. Il faudra aussi ne pas oublier de sécuriser fortement cette utilisation de la data et le DSI doit en être conscient.