Interview des Fondateurs d’Irena Group
/Nous avons rencontré Vincent Jacquemart, Président, et Romain Bordenave, DG, tous deux fondateurs d’Irena Group. Voici ce qu’ils nous ont dit….AE
SDBR News : Pourquoi avoir fondé le groupe Irena* ?
Romain Bordenave : Après avoir travaillé ensemble pour le groupe Geos, nous avons fondé Irena en 2010. C’était un moment de restructuration et d’évolution du secteur de la protection des personnes et des biens. La sûreté commençait à se professionnaliser, les besoins étaient de plus en plus précis et la demande des clients évoluait. Lorsque nous avons créé Irena, au Mexique, c’est bien parce que le conseil ne pouvait plus se faire comme auparavant : les clients voulaient que leur prestataire soit capable de réagir rapidement, donc d’avoir des moyens opérationnels, ce que n’offraient pas les sociétés de conseil traditionnelles. Nous avons alors décidé d’être une société de conseil tout en développant en parallèle nos propres moyens de sécurité physique. Au Mexique, nous avons alors créé une société de sécurité physique avec des services humains, comme le gardiennage ou la protection rapprochée, et des moyens techniques, comme des véhicules et ce qu’il faut pour offrir un service rapide, agile et réactif.
SDBR News : Pourquoi le Mexique ?
Vincent Jacquemart : Parce que nous étions nous-mêmes là-bas. Dans les années 2000s, j’ai travaillé en Colombie, au Venezuela puis au Mexique, où j’ai rencontré Romain en 2007 chez Geos. Nous étions peu de francophones à connaitre correctement le continent latino-américain et nous pensions avoir quelque chose de différent à proposer. Nous avons mis en place une offre de sécurité basée sur des solutions humaines – officiers de protection rapprochée, chauffeurs de sécurité, agents de contrôle d’accès. – sur des véhicules de transport blindé ou non selon les besoins, et sur des solutions technologiques - systèmes d’alarme, vidéo surveillance, systèmes de contrôle d’accès, drones aériens et sous-marins, etc.
SDBR News : Etes-vous présents en Europe ?
Romain Bordenave : Souvent les clients les plus importants souhaitent signer leurs contrats avec des sociétés européennes, même si le service est exécuté à l’étranger. Avoir une entité juridique en Europe a donc été nécessaire dès 2017. Ensuite, nos activités sont devenues suffisamment solides pour penser à proposer nos services sur d’autres continents que l’Amérique Latine. C’est comme cela qu’un de nos clients nous a demandé de réfléchir à la protection de ses activités maritimes ; nous avons donc co-construits sa protection maritime.
SDBR News : Quelle est la spécificité de la protection maritime ?
Vincent Jacquemart : Il y a eu une prise de conscience globale du risque de contamination des navires et du risque terroriste sur les navires. La contamination par des quantités importantes de drogue arrivant par l’Amérique Latine et remontant vers l’Europe ou bien via l’Afrique de l’Ouest. Concernant le risque terroriste, il avait été peu pris en compte (contrairement à la piraterie) et le réveil est brutal pour prendre les mesures qui s’imposent. Ce que nous observons au travers de nos opérations, c’est un réel besoin en matière de sûreté maritime et la nécessité d’étoffer l’offre de services des entreprises privées. Nous avons constaté sur ce marché des offres compartimentées et nous avons décidé d’apporter une solution les intégrant toutes et favorisant le dialogue entre ses acteurs : personnels embarqués, autorités locales, autorités portuaires et armateurs, équipages, etc. Le but a été de centraliser les informations reçues par les uns et les autres, puis de les communiquer de manière pertinente pour améliorer la fluidité de la communication. C’est tout le but de notre nouveau service OISO.
SDBR News : Parlez-nous d’OISO…
Vincent Jacquemart : Avec son service exclusif OISO (On board International Security Officer), Irena offre aux compagnies maritimes des solutions sur mesure pour sécuriser leurs navires, optimiser leurs opérations et rassurer leurs équipages. Il faut accompagner les équipages et les former à leur sécurité : avant la crise, pendant la crise et après la crise. Lorsque nous avons commencé, nous n’imaginions pas à quel point nos actions allaient faciliter les échanges entre les différents intervenants maritimes et donc fluidifier leurs relations : les officiers de bord, les équipages, les autorités gouvernementales et portuaires locales, garantissant ainsi une coordination efficace des opérations. De ce fait, notre solution OISO aide à réduire les coûts des compagnies maritimes.
SDBR News : Ce concept concerne aussi bien le navire que l’escale, ou pas ?
Romain Bordenave : Nous intervenons en amont et pendant la traversée avec nos personnels embarqués. Avec le concept OISO, nous offrons une structure opérationnelle - pour du renseignement, du contact et du réseau – un soutien de sécurité physique (agents de protection), des vedettes (avec du personnel armé pour escorter les bateaux dans et hors des zones portuaires), des plongeurs d’inspection de la coque des bateaux, des drones aériens et des drones sous-marins (via nos partenaires spécialisés), des systèmes de GPS pour gérer les crises, etc. Ensuite il faut rester modestes, nous n’avons pas les moyens d’arrêter les missiles Houtis, cela relève de capacités militaires qui sont l’attribut des marines nationales. Mais sur la mer Rouge par exemple, nous pouvons tout de même former des équipages aux situations de crise, accompagner nos clients et coordonner des moyens en cas d’attaques.
SDBR News : Quels sont vos objectifs de développement ?
Vincent Jacquemart : En matière de sécurité maritime, nous travaillons depuis 3 ans exclusivement sur l’Amérique Latine. Nous constatons que les problématiques rencontrées en Amérique Latine, sur la contamination des navires et sur la piraterie (qui s’apparente assez au risque terroriste), sont similaires en Afrique de l’Ouest et un peu en Mer Rouge. Sur le Golfe de Guinée c’est assez vrai, puisque les narcotrafiquants dirigent maintenant leurs envois vers l’Europe via une escale en Afrique. Certains pays africains servent de plaques tournantes au trafic de drogues, comme certains pays d’Amérique Latine. C’est pourquoi nous pensons être capables de proposer des solutions aux gouvernements africains, à leurs autorités portuaires ou agences de lutte contre le narcotrafic et bien sûr aux compagnies privées transportant des containers depuis l’Afrique vers l’Europe : nous venons d’ailleurs d’intégrer l’accélérateur Afrique de BPI France qui accompagne les PME à l’exportation vers l’Afrique.
Plus généralement, nous travaillons sur le long terme, en identifiant avec le client où sont les risques dans son activité (en mer et autour de ses infrastructures) et en déterminant ce qui doit être couvert en cas d’incident : communication, reporting, retex, formations, etc.
Tant que nous serons en mesure d’offrir une expertise de qualité et un service personnalisé à nos clients - comme nous le faisons aujourd’hui - nous continuerons à garder leur confiance et à faire croitre notre portefeuille de missions : par exemple, nous protégeons une dizaine d’ambassades dans le monde, des Institutions Internationales et des ONG.