Observatoire de la Confiance Numerique
/Dans le cadre de la Paris Cyber Week qui s’est tenue à la Maison de la Chimie les 8 et 9 juin 2021, Philippe Vannier, Président de l’ACN, a rendu compte de l’édition 2021 de l’Observatoire ACN de la Confiance Numérique. Que faut-il en retenir ?
L’Observatoire de la Confiance Numérique couvre deux industries :
• La Cybersécurité proprement dite, qui correspond à la sécurisation «interne» des systèmes numériques. La cybersécurité regroupe deux types d’activités souvent associées dans la pratique, les services (conseil, conception, mise en place, exploitation, formation) et les logiciels et solutions destinés aux marchés professionnels (État et secteur public, installations critiques, entreprises, PME) et au grand public (ordinateurs, smartphones, maison, véhicules et objets connectés, etc.).
• La Sécurité Numérique, c’est-à-dire les produits et solutions électroniques de mise en œuvre de systèmes numériques pour instaurer la confiance dans le monde extérieur. Ces systèmes mettent en œuvre des moyens numériques sécurisés pour instaurer la confiance dans l’environnement citoyen, en particulier par la gestion des identités, la gestion des accès, la biométrie, les transactions, les objets et les véhicules connectés, les processus industriels et la logistique, les transports, les réseaux, les villes intelligentes, etc. Les produits de sécurité numérique sont des produits matériels (cartes à puce, documents, lecteurs, etc.) ou des équipements (gestion des accès, biométrie, détection, localisation, etc.).
La représentativité de l’ACN
L’Alliance pour la Confiance Numérique (ACN) représente les entreprises du secteur de la confiance numérique (leaders mondiaux, mais aussi startups, PME, et ETI qui représentent 80% des membres) notamment celles de la cybersécurité, de l’identité numérique, des communications sécurisées, de la traçabilité / lutte anti-contrefaçon et de la safe city.
La France dispose dans ce domaine d’un tissu industriel très performant et d’une excellence internationalement reconnue grâce à des leaders mondiaux, des PME, des ETI et aux différents acteurs dynamiques du secteur. On dénombre plus de 2000 entreprises réalisant en France plus de 13,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans ce secteur en forte croissance (plus de 8% de croissance chaque année depuis 2013).
Les membres de l’ACN représentent plus des 2/3 du chiffre d’affaires du secteur. L’ACN est membre de la FIEEC (Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication) et participe activement aux travaux du Comité Stratégique de Filière (CSF) Industries de Sécurité. Par ailleurs, l’ACN est également membre fondateur de l’ECSO (European CyberSecurity Organisation).
La Confiance Numérique est une filière à part entière :
8,1% de croissance moyenne annuelle en France sur la période 2015-2020, contre -1,8% pour le PIB français.
La Confiance Numérique est la filière industrielle française qui bénéficie de la croissance la plus forte depuis 10 ans.
La Confiance Numérique s’est montrée particulièrement résiliente face à la crise de la COVID, avec 6,4% de croissance en 2020 contre -8,3% pour le PIB français. C’est la filière qui réalise la meilleure performance en 2020 avec l’industrie pharmaceutique (on sait pourquoi…)
La Confiance Numérique est la filière la plus productive, c’est-à-dire avec le plus fort ratio Valeur Ajoutée / Chiffre d’affaires.
La Confiance Numérique en France en 2020 c’est :
13,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 6,4% de croissance entre 2020 et 2019.
6,5 milliards d’euros de valeur ajoutée.
69 200 personnes employées dans le secteur.
Un chiffre d’affaires réparti à 62% pour la Cybersécurité et à 38% pour la Sécurité Numérique.
Un écosystème d’entreprises de toutes tailles :
2 158 entreprises dans la filière en France,
dont 74 grandes entreprises réalisant, en 2020, 54% du chiffre d’affaires total de la filière avec 50% des emplois en France,
58 ETI réalisant 10% du CA de la filière avec 13% des effectifs de la filière,
647 PME réalisant 26% du CA de la filière avec 24% des emplois,
et 1379 micro-entreprises générant moins de 2 millions de CA en 2020 soit 10% du CA total de la filière et 13% des emplois en France.
Le Top 10 de la filière est particulièrement révélateur de la disparité dans l’écosystème français. Il faut souligner que les entreprises présentes dans ce Top 10 sont celles qui bénéficient de l’essentiel de la commande publique.
Sans commande publique, ce n’est pas demain que surgiront du groupe des micro-champions de la souveraineté française ces « Licornes » dont on parle tant à l’Élysée…
Les atouts de la France pour le Futur de la Confiance Numérique
Des capacités techniques et de R&D de premier rang mondial et des clusters de recherche sur de nouveaux domaines et de nouvelles technologies, notamment en matière de cryptographie…
Un fort leadership de compétences dans de nombreux domaines : identification & authentification, gestion de l’identité, cryptographie, machine learning, deep learning, sécurisation des IoT et dans une moindre mesure blockchain…
Suite aux évènements récents - affaire Snowden, American Cloud Act, crise du COVID-19, espionnage américain bien souvent passé sous silence, etc. - la prise de conscience de la nécessité d’une souveraineté au niveau de la confiance numérique, non seulement pour les services publics et les OIV mais également pour les citoyens et la défense commerciale des entreprises françaises, devrait être une opportunité pour la filière française.
Les faiblesses de la France pour le Futur de la Confiance Numérique
Les PME françaises de cybersécurité sont chacunes spécialisées dans un sous-segment spécifique et ne proposent que des offres sur mesure. En conséquence, les PME de cybersécurité françaises travaillent très majoritairement avec des grands comptes (CAC40 et grandes ETI). Une solution pour qu’elles développent leur clientèle de PME françaises et internationales consisterait à développer des partenariats entres les PME françaises de la cybersécurité (pour proposer des offres communes, mettre en commun des compétences ou des opportunités d’exportation…). La « chasse en meute » est encore peu développée…
Bien que la France ne souffre pas de retard en matière de formation à la cybersécurité, la croissance est telle dans ce secteur que les compétences sont difficiles à trouver. Les premières embauches de développeurs spécialisés dans un domaine spécifique de la cybersécurité (PKI, cryptographie, etc.) est quasiment impossible. Les entreprises sont contraintes d’embaucher, dans le meilleur des cas, des développeurs formés à la cybersécurité dans son ensemble, voire des ingénieurs généralistes, qui seront ensuite formés en interne.
Le caractère stratégique de la filière de la confiance numérique doit être souligné
Pour Philippe Vannier, Président de l’ACN : « La maîtrise de notre avenir et de notre souveraineté numérique est un enjeu capital pour notre pays mais aussi pour l’Europe qui est l’échelon pertinent pour organiser notre réponse face aux autres grands blocs régionaux qui nous font face. Il est urgent que l’ensemble des utilisateurs (Etat, entreprises – depuis les Opérateurs d’Importance Vitale jusqu’aux plus petites PME-TPE - collectivités territoriales mais aussi citoyens) s’approprie les solutions des entreprises de la confiance numérique et intègre les concepts de « security by design » et de « privacy by design » comme point de départ de tout développement numérique. Nos entreprises sont prêtes et mobilisées pour répondre à cet enjeu décisif. »
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Crédits photos: ACN